Marcher en Arménie

25 juillet 2010

Un enfer de fleurs

Filed under: Marz de Tavouch — denisdonikian @ 7 h 08 mi
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Dès lors que nous aurons décidé de franchir les frontières du connu, nous défoncerons de la poitrine des murs et des murs de végétation. Brisant, pour avancer, ces architectures improvisées que construit chaque plante avec ses voisines, toutes animées par un même tropisme vers la lumière. C’est une quête où chacune se dresse et se faufile en jouant des coudes contre ses concurrentes. Ainsi se tressent d’inextricables forcements vers le ciel, toutes les tiges se tenant les unes aux autres selon une solidarité à la fois nécessaire et fragile. Et quand la jambe qui se tend en abat dix, des dizaines d’autres sont entraînées dans le même dérangement. L’homme, qui ne progresse qu’au rythme d’un pas multiplié et destructeur, ne laisse pour trace de son passage qu’une pitoyable détresse. Jusqu’au moment où son œil tombe en arrêt devant des émergences florales qu’une grâce subtile tient en suspens dans les airs, comme des notes de couleur produites au prix d’une surabondance de poussées. Pareilles à ces tiges velues de coquelicots aux têtes aveugles qui dansent autour de celle qui les a devancées en ouvrant son panache orange et rouge. Ou cet ophrys  d’un rose ardent. Ces clochettes suspendues par grappes d’un bleu plus vif qu’un ciel lumineux. Ces ombellifères jaunes déployés comme des parapluies. Ces boules cotonneuses.  Ces lys jaunes… Et quand la pluie accroche ses dernières gouttes sur les ombelles blanches, que le soleil jette sur elle sa profusion de lumière, votre œil se saisit du hasard divin où tout scintille dans le calme précaire d’un poudroiement d’étoiles.

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